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RACONTER

Ma manière d’inventer des histoires
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  • Quand je travaille à une nouvelle histoire, « je traite mon cerveau comme un chien » pour reprendre l’expression de Michel Tournier. Après avoir choisi mon sujet, par exemple la mandragore, je me la mets sous le nez et je me dis : « allez, fouine, fouille, cherche la mandragore » et je me laisse guider par tout ce qui m’entoure, je deviens réceptif au moindre fait, au moindre geste, au moindre hasard. Je ramasse ainsi du « matériel » qu’il me faut ensuite élaguer, tamiser. Ce tri, habituellement, débouche sur une histoire, un « il était une fois ». Du moins pour mes livres destinés à un public jeune adulte. C’est fou ce que cette méthode peut être efficace.
     

  • Pour ces romans, je pars souvent d’une histoire simple avant de choisir des personnages pour l’interpréter, la vivre sous mes yeux. La plupart du temps, je ne les connais pas suffisamment et il me déjouent, me trompent, m ‘amènent là où je ne pensais pas aller.
     

  • Pour mes romans destinés aux adultes, soit de littérature générale, c’est différent : je pars souvent d’un personnage à qui je veux greffer une histoire, une image entrevue qui finit par me coller à la peau : un homme sur un banc de parc, une femme perdue en plein désert, un garçon qui enterre son toutou de peluche, etc. Qui sont-ils? D’où viennent-ils? À quoi rêvent-ils? Voilà des questions qui me conduisent à des histoires à raconter. Pour chaque personnage, je trace un profil, (un « CV », comme on dit dans le milieu des scénaristes) qui va du signe astrologique aux troubles de la petite enfance. Après, j’élague, je tamise. Ce tri débouche aussi sur une histoire, un « il était une fois ».
     

  • Pour m’y retrouver (ou pour me rassurer), j’ai parfois besoin d’un plan que je finis toujours par abandonner. Ça, c’est vers la 2e ou 3e version (les plus difficiles car elles imposent des choix à faire qui éliminent des mois de travail).
     

  • Ainsi dit, ça peut paraître rassurant d’avoir ce genre de « méthode », mais je dois avouer que chaque projet de roman possède sa propre démarche qui exclut souvent une « méthode » naguère efficace. À chaque fois, malgré les acquis, je dois tout réinventer. Me jeter dans le vide, comme la première fois.
     

  • Devise du raconteur d’histoires : « Pour aller plus loin, ne jamais demander son chemin à qui ne sait pas s’égarer » (Roland Giguère)
     

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